Le saut, tremplin vers une 2e carrière

2023-02-07

Montréal, 7 février 2023 (Sportcom) – Des entraîneurs font parfois référence à leurs athlètes comme étant des diamants bruts à polir pour les faire briller de tous leurs feux. C’est aussi le cas dans le milieu du saut en ski acrobatique, sauf que cette discipline a la particularité d’accueillir un peu plus de joyaux qui ont déjà été travaillés : des athlètes issus de sports acrobatiques qui sont prêts à donner un second souffle à leur carrière sportive en essayant une toute nouvelle discipline.

L’entraîneur de l’équipe canadienne des sauts, Rémi Bélanger, est parfaitement placé pour comprendre les craintes, les appréhensions et les défis que doivent affronter ces transfuges sportifs. Lui-même a été un trampoliniste de haut niveau avant d’être initié au ski acrobatique par Nicolas Fontaine, quadruple champion de la Coupe du monde et champion du monde en 1997.

Dans sa recherche de nouveaux talents, Bélanger est épaulé par Geneviève Tougas, elle aussi une ancienne trampoliniste et sauteuse reconvertie en artiste de cirque. Celle-ci supervise les jeunes athlètes issus du programme du Camp des recrues RBC, qui parcourt le Canada à la recherche d’athlètes qui ont des capacités physiques optimales pour des sports précis. Freestyle Canada puise à même ce bassin d’athlètes depuis quelques années déjà.

« Nous sommes capables de parler aux jeunes et de leur montrer comment ça va se passer (la transition) », explique Bélanger, qui ajoute que ses recrues connaissent déjà les exigences du sport de haut niveau en plus d’avoir de belles aptitudes physiques.

« La dimension de tout ce qui est acrobatique, c’est vraiment intéressant. Les athlètes connaissent déjà la technique, comment vriller, comment s’orienter dans les airs, mais il y a aussi la discipline qui est déjà établie. Le petit bémol, c’est souvent au niveau du ski. Il faut leur apprendre à bien skier avant qu’ils s’élancent sur les tremplins. »

Il cite en exemple la nouvelle sensation du circuit de la Coupe du monde, la Sherbrookoise et ancienne gymnaste Marion Thénault. La Québécoise a rapidement fait sa place sur la scène internationale, notamment avec une médaille de bronze à la compétition par équipe aux Jeux olympiques de Pékin. Le moment où elle est passée du Camp des recrues à ses premiers sauts sur la neige, quoique très court, n’a toutefois pas été naturel.

Thénault avait déjà les qualités d’une athlète de haut niveau, mais c’est son égo qui a surtout été mis au défi à ses débuts dans son nouveau sport. L’entraîneur partage en riant cette anecdote pour expliquer à quel point la nouvelle sauteuse avait soif de compétition.

« La première année, elle apprenait à skier et je l’avais inscrite à une petite compétition provinciale. Elle avait 17 ans et je lui avais fait faire des sauts droits et des sauts groupés. (À la compétition), il y avait des jeunes de 10-11 ans qui faisaient des flips. Après la compétition, elle est venue me voir pour me dire : “ plus jamais tu vas me faire faire ça ! ” Dans sa tête, elle était au haut niveau et de se retrouver à ce niveau-là, c’était difficile pour elle. “ La prochaine fois que tu me fais compétitionner, tu me fais faire des flips sur la neige et je vais montrer ce que je suis capable de faire ”. »

On connaît la suite.

Le point de vue des recrues

Quelques heures avant que Marion Thénault ne remporte la deuxième Coupe du monde de sa carrière, le 21 janvier dernier, Sportcom a rencontré trois jeunes athlètes au pied des tremplins de la station Le Relais, à Lac-Beauport.

Élodie Caron, Isa-Frédérique Laurin et Sarah Faith ont respectivement pratiqué le plongeon, le tumbling et la gymnastique artistique. Après leur participation au Camp des recrues, elles tentent maintenant l’aventure des sauts en ski acrobatique. Depuis un an, elles chaussent les skis à raison de trois et quatre fois par semaine et elles ont déjà fait leurs premiers sauts sur neige.

C’est de près qu’elles ont pu voir à quoi ressemblait le haut niveau de leur nouveau sport. Et l’expérience était positive pour elles.

« Ma première année, j’ai adoré ça et là, cette année, c’est la première année où nous sautons (sur la neige). Jusqu’à maintenant, ça va vraiment bien, je suis vraiment contente et c’est vraiment une belle expérience, soutient Sarah Faith. C’est le meilleur feeling du monde ! Le landing (de mon premier saut), c’était incroyable! J’aime tellement ça ! »

Pour sa part, Isa-Frédérique Laurin a commencé à skier alors qu’elle était toute jeune avant de délaisser ce sport au profit du tumbling.

« Ce n’est pas le même sentiment. Il y a un peu plus la question de la peur. C’est très différent, car là, on fait de la gymnastique avec des skis, mais oui, c’est très, très le fun. […] Je ne savais même pas que ce sport existait jusqu’à il y a deux ou trois ans, alors c’est très le fun de commencer ça à notre âge. »

Élodie Caron concède de son côté que l’apprentissage du ski est plus compliqué pour elle, sauf que l’ancienne plongeuse en a vu d’autres.

« Il y a eu quelques chutes, mais aussi beaucoup de réussites. Dans tous les sports, il faut qu’on tombe pour remonter. C’est comme ça qu’on apprend et on apprécie les erreurs. »

Quand on lui demande qu’est-ce que ça lui fait de regarder une Coupe du monde, sur place, pour une première fois, sa réponse est franche et sans détour : « Ça fait rêver et c’est nous les prochaines, idéalement. On va essayer le mieux qu’on peut pour se rendre là. »

L’étape de la Coupe du monde de Lac-Beauport a été confirmée au calendrier de 2024 alors qui sait si une de ses jeunes femmes sera inscrite.

Texte rédigé par Sportcom, https://sportcom.ca/